On en rêve, Angkor

Voyageurs du Monde vous embarque pour une exploration hors du commun d’Angkor. Un séjour d’une semaine pour se perdre dans la jungle du Cambodge et découvrir la citée qui fut en son temps l’extraordinaire capitale Khmère.

“Vers le 14ème degré de latitude et le 102ème de longitude à l’orient de Paris, se trouvent des ruines si imposantes, fruit d’un travail tellement prodigieux, qu’à leur aspect, on est saisi de la plus profonde admiration, et que l’on se demande ce qu’est devenu le peuple puissant, civilisé et éclairé, auquel on pourrait attribuer ces œuvres gigantesques, écrit Henri Mouhot quand il découvre Angkor au XIXème siècle. L’un de ces temples figurerait avec honneur à coté de nos plus belles basiliques : il l’emporte pour le grandiose sur tout ce que l’art des Grecs et des Romains a jamais édifié… Un travail de géant ! Travaux prodigieux dont la vue seule peut donner une juste idée, et dans lesquels la patience, la force et le génie de l’homme semblent s’être surpassés afin de confondre l’imagination”.
Comment mieux décrire ce site archéologique du Cambodge, ancienne capitale de l’Empire Khmer, aux ruines romantiques perdues dans la jungle ? Tout ici n’est que magie minérale et végétale. La nature se mêle aux pierres des bâtisseurs khmers pour créer un tableau architectural unique.
Unique, Angkor l’est assurément même si la cité offre mille et un visages. Ses temples comme ses palais alternent entre intimité et majesté. Partout les sculpteurs ont rivalisé d’imagination pour animer la pierre. Evidemment, l’un des exemples les plus flagrants reste celui d’Angkor Vat. Le plus grand des temples du complexe monumental d’Angkor combine les deux voies de l’architecture khmère : les temples-montagnes et les temples à galeries. Image terrestre du mont Meru, la maison des dieux dans la mythologie hindoue, Angkor Vat éblouit chacun de ses visiteurs. Pierre Loti ne le fut pas moins que les autres…

“Ce temple est l’un des lieux du monde où les hommes ont entassé le plus de pierres, accumulé le plus de sculptures, d’ornements, de rinceaux, de fleurs et de visages, écrit-il dans son Journal. Ce n’est pas simple comme les belles lignes de Thèbes ou de Baalbek. C’est déroutant de complication aussi bien que d’énormité. Des monstres gardent tous les perrons, toutes les entrées. Les divines Apsâras, en groupes répétés indéfiniment, se montrent partout en lianes retombantes. Et, à première vue ne rien ne se démêle. On ne perçoit que désordre et profusion dans cette colline de blocs ciselés, au faîte de laquelle ont jailli les grandes tours. Mais, dès qu’on l’observe un peu, une symétrie parfaite s’affirme au contraire de haut en bas”.
Cette harmonie se retrouve également dans quelques sites à proximité d’Angkor.

L’ancienne ville d’Isvarapura, la cité du seigneur, jouxte la capitale. En son cœur, le temple de Banteay Srei, la citadelle des femmes, est encore considéré aujourd’hui comme un des joyeux de l’art Khmer.
L’exploration peut encore se poursuivre au-delà. A 100 kilomètres d’Angkor se dresse fièrement le temple-montagne de Koh Ker. Ancienne capitale elle aussi, la ville est dominé par le Prasat Thom. Tout en haut de ses trente mètres, on embrasse une vue extraordinaire sur la plaine et les forêts alentour. On peut même distinguer Angkor. Alors là, “au fond des forêts du Siam”, on peut espérer, comme Henri Mouhot, voir “l’étoile du soir se lever sur les grandes ruines d’Angkor”.

Sébastien Dieulle