Éloge du voyage immobile

Sédentaire durant cette période de fêtes ? Pas de quoi déprimer. Quelques beaux livres trouvés au pied de la cheminée favorisent l’évasion, de nos rivages jusqu’à la Patagonie. Florilège de balades en bateau ou en dromadaire ; à moins que vous préfériez plonger en cuisine dans l’univers d’un chef talentueux…

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Sur le pont

Les premières croisières furent lancées dans le courant du XIXe siècle. D’abord pour une clientèle de happy few. Le livre donne à voir ces images sépia d’escales méditerranéennes prisées : pyramides égyptiennes, Terre sainte. À bord de son yacht, l’empereur d’Allemagne Guillaume II, joue les pionniers en entreprenant vingt-six voyages dans les fjords norvégiens entre 1893 et 1914. Puis, la villégiature maritime se démocratise. Les paquebots s’équipent – piscines, casinos, restaurants, pistes de danse – et les navires deviennent parfois le but même du voyage. Comme à l’époque de la loi sur la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis (1919), où les booze cruises (les croisières de la picole) connurent un franc succès. Plus récemment, la série télévisée « La croisière s’amuse », diffusée sur ABC entre 1977 et 1987, popularisa le loisir. Aujourd’hui, quelques « mastodontes des mers » accueillent plus de six mille passagers. Mais l’on préfèrera toujours visiter la baie d’Halong dans une jonque locale. Les très belles illustrations entretiennent le souvenir de ces balades océanes.

Croisières. Désirs d’ailleurs, par Boris Dänzer-Kantof (Éditions de La Martinière, 190 pages, 45 €).

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Palette de couleurs marocaines

L’album ressuscite les senteurs et surtout les couleurs du pays maghrébin. Ici, le rouge des souks de teinturiers de Marrakech ou des tanneurs de Fès. Là, le blanc des amandiers en fleurs ou des jasmins odoriférants. Non loin, dans le Rif, au cœur de la médina de Chefchaouen, les murs peints à la chaux sont rehaussés de pigments bleus. En direction du Sahara, c’est l’or du désert qui s’offre en spectacle : des caravanes de dromadaires au pelage ocre tracent leur route au milieu de dunes aux teintes changeantes. L’océan de sécheresse est ponctué d’îlots verdoyants où les palmiers dattiers protègent de leurs hautes branches, grenadiers, orangers et figuiers. Plaisante synthèse : lors des fêtes, les femmes du Haut-Atlas se recouvrent la tête de foulards multicolores.

 Maroc, photographies de Cécile Tréal et Jean-Michel Ruiz. Textes de Marie-Pascale Rauzier (Éditions du Chêne, 264 pages, 25 €).

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Kaléidoscope vietnamien

Une succession d’images du sud au nord du pays comme un maelström. Marchés flottants du delta du Mékong ; relents de la vieille Indochine à la poste saïgonnaise où trône toujours le portrait de l’oncle Ho, mais au dehors on est repris par le flot fébrile des motos et voitures ; ponts japonais          dotés de piliers de pierre dans le bourg de Hoi An où le temps semble suspendu ; et au-delà de Hanoï et de son pittoresque quartier des corporations, les habits colorés des tribus montagnardes à Bac Ha ou des villages Hmongs près de Sapa. On finit sur les sommets, au Mont Fansipan (3143 mètres), le toit de l’Asie du Sud-Est.

 Ticket to Vietnam, carnet de voyage photographique de Gaspard Walter (Éditions de la Martinière, 330 pages, 25 €).

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Rivages de rêve

De Dunkerque aux îles Lavezzi. Le peintre de la marine, Philippe Plisson a scruté trois ans durant notre littoral. Il en a tiré un album, sélectionnant ses 400 photos les plus emblématiques. Ce tour de France au ras des flots donne un aperçu de la magnificence des paysages. On se laisse bercer par les images : de la chapelle Notre-Dame de la Garde incrustée dans la falaise d’Étretat à la vieille ville de Bonifacio perchée sur son à-pic calcaire. Au total, cette juxtaposition d’images inédites de nos fronts de mer est une incitation involontaire à pénétrer le territoire.

 La France vue de la mer, Photographies de Philippe Plisson (Éditions du Chêne, 416 pages, 35 €).

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Cap au Sud

Un voyage photographique au pays des gauchos. Intrusion dans leurs immenses estancias, tonte des moutons, dressage des chevaux. Mais le livre est surtout un hymne aux grands espaces d’un territoire grand comme deux fois la France, à cheval entre l’Argentine et le Chili. Entre montagne et pampa, nous découvrons une nature authentique, car subsistent ici de nombreux espaces vierges. Paysages placés sous les signes de la démesure et de l’exubérance, balayés par un vent omniprésent qui s’engouffre dans nos mémoires. Magnifiquement illustré par Cécile Domens, fondatrice d’Aguila, agence spécialisée dans le voyage photo – www.aguila-voyages.com - et Patrick Escudero, photographe indépendant diffusé par l’agence Hémis.fr et accompagnateur sur les séjours photographiques.

Patagonie, par Patrick Escudero et Cécile Domens (Editions Glénat, 160 pages, 39,50 €).

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Pour l’amour de Paris

Un livre hommage au grand photographe hongrois Brassaï, qui a su capturer dans les années 1930-1950 « l’esprit » des différents quartiers de Paris : foule élégante de la rue de Rivoli, badauds devant les magasins des Grands boulevards, charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi majesté des monuments prestigieux, en particulier Notre-Dame et ses gargouilles qu’il traque de jour comme de nuit. Brassaï, quand tu nous tiens…

Brassaï, Par Agnès de Gouvion Saint-Cyr    (Editions Flammarion, 256 pages, 35 €) Une exposition Brassaï à L’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 8 mars 2014.

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Plaisirs gustatifs

Maître à bord du restaurant « Les Terrasses » d’Uriage-les-Bains (Isère), Christophe Aribert, 40 ans passés, quelques étoiles et toques glanées en chemin, revient sur son riche itinéraire. Surtout, il dévoile ses sources d’inspiration à l’origine d’une cuisine sensorielle où les produits du Vercors figurent en bonne place. Il révèle aussi ses associations de produits préférés. En prime, des photos elles aussi inspirées et un joli lot de 50 recettes.

Aribert, Textes de Patick Jégu, photos de Benoît Linéro   (Editions Laymon, 49 €).

Yves Hardy

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