Sao Tomé, l’île chocolat

Les amateurs de cacao connaissent bien Sao Tomé. « Look Voyages » nous emmène à la découverte de cette ancienne colonie portugaise qui s’est fait une spécialité de la précieuse fève, même si bien d’autres trésors attendent le voyageur sur cet archipel du golfe de Guinée.

En principe, on ne peut pas rater Sao Tomé. D’en Principe non plus puisque les deux îles ne sont éloignées que d’une centaine de kilomètres. L’ancienne colonie portugaise, surnommée par les navigateurs “l’île du milieu du monde”, émerge de l’Atlantique au large du Gabon. L’archipel Sao Tomé e Principe a les pieds dans l’eau tiède du golfe de Guinée. Elle doit son nom à deux explorateurs portugais du XVème siècle en manque d’imagination. Joao de Santarem et Pedro Escobar y accostent le jour de la Saint-Thomas, en 1471. Il ne leur en fallait pas plus pour la baptiser Sao Tomé…Aucun autochtone n’était là de toute façon pour s’en plaindre.

Quelques décennies plus tard, l’île s’est largement peuplée. Les Portugais ont ramené dans leurs cales des esclaves raflés dans les comptoirs lusitaniens d’Afrique. Le Mozambique, l’Angola et la Guinée-Bissau fournissent bien involontairement la main d’oeuvre qui fait de Sao Tomé le premier producteur mondial de canne à sucre. Le commerce ne dure pas… Le Brésil offre bientôt aux Portugais de nouvelles terres agricoles pour la canne à sucre.

Sao Tomé diversifie alors ses cultures. Celles du café et du cacao fleurissent un peu partout. L’île gardera la première place mondiale jusqu’au début du XXème siècle. D’autres pays l’ont supplanté depuis. Aujourd’hui, elle ne fournit plus que 2 000 tonnes par an. Une production des plus légères mais d’une qualité exceptionnelle, recherchée par les plus grands chocolatiers.

Les traces de cette grande histoire sont visibles un peu partout sur l’île. Les anciennes plantations de cacao, les roças, témoignent partout de cette aventure agricole. En partant de la capitale où l’architecture coloniale tient le haut du pavé, on ne met pas longtemps à croiser une première plantation. Agua Izé porte le nom du Baron qui introduisit la précieuse fève sur ces terres. C’est également l’une des dernières encore en activité parmi la quarantaine éparpillées dans l’archipel. Il n’est pas rare de croiser sur les chemins qui y mènent de jeunes Santoméens, cabosses jaune éventrée à la main.

Le cœur de l’île cache lui aussi quelques roças de renom. Camouflée au plus profond de la jungle, celle de Bombaïm mérite le détour. On la découvre au milieu de jolies maisons de bois abandonnées. Dans les jardins alentours, les fleurs abondent, notamment les orchidées. L’île en abrite une centaine d’espèces. Transformée en gîte d’étapes, la plantation accueille les randonneurs de passage.

Particulièrement bien conservée, la roças de Rio de Oro bénéficie des attentions de son propriétaire, la Présidence de la République santoméenne. Non loin de là une chapelle aux dimensions modestes rassemble les croyants locaux lors de messes animées d’où s’échappent des mélopées africaines aux accents portugais.

En remontant dans le nord de l’île, l’aridité se fait plus présente. Les baobabs s’y prélassent jusqu’au bord de l’océan. L’occasion est trop belle de fouler l’une des innombrables plages de sable qui entourent Sao Tomé. Avec un peu de chance, on peut y croiser des tortues géantes qui viennent pondre là. Plus au sud, on peut apercevoir les baleines à bosse en pleine migration vers Cap de Bonne Espérance. Et ceux qui en doutent n’ont qu’à suivre la doctrine de Saint Thomas…

Jean-Paul Calvet