Cotentin : Cap sur les caps !

Cap ou pas cap de jouer la carte sauvage du Cotentin ? Le défi n’a rien d’insurmontable. Il suffit de faire une pointe jusqu’à celle de la Hague et de se laisser séduire par la beauté sauvage de ce joli bout de France. La Manche convaincra sans doute les derniers hésitants avec ses chèques évasion qui offrent jusqu’à 200 € de bons d’achat aux voyageurs.

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Qui n’a jamais rêvé d’être payé pour visiter ? Le Cotentin se fait généreux en ces temps de déconfinement. Il offre des chèques évasion à ceux qui décident de voyager sur ses terres. Les voyageurs peuvent ainsi recevoir jusqu’à 200 € de bons d’achat à dépenser chez les “partenaires touristiques locaux”. Le principe est simple. Pour chaque nuitée réservée dans l’un des établissements marchands partenaires de l’opération, les clients se verront remettre un chèque évasion d’un montant de 10 à 20 euros en fonction du nombre de personnes. De une à trois personnes, le chèque vaut 20 euros. A partir de quatre personnes, le bon grimpe à 40 €. Les chèques se cumulent ensuite dans la limite de 200 euros par famille et par séjour. L’évasion n’aura jamais été aussi rémunératrice !

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Ces euros comptants comptent contenter Cotentinois et Cotentinoises de passage. Et si cette manne manchoise ne suffisait pas, les touristes pourraient encore facilement se rattraper avec les richesses de la côte. De la pointe de Barfleur à la mare de Vauville, il suffit de suivre la côte d’Est en Ouest pour en perdre le Nord et son latin. Aux antipodes des îles des Antipodes, la pointe de Barfleur étend son bras de terre dans la Manche. Face à la mer branchée sur du courant continu, le raz de Barfleur, un sémaphore et un phare montent la garde. Le phare de Gatteville, le deuxième plus haut d’Europe, culmine à 74,85 mètres. Pour atteindre le sommet de cette tour de granit, il faut emprunter un escalier comportant autant de marches que de jours dans l’année. Eclairé par les cinquante-deux fenêtres réparties en douze niveaux, le bâtiment se joue du temps. Classé au titre des Monuments historiques, le phare fêtera bientôt ses deux cents ans.

Plus à l’ouest, après avoir dépassé Cherbourg, la terre se fait plus fine et la mer plus forte. A Landemer, les ruelles d’un petit hameau aux villas de pierres grises mènent le visiteur jusqu’à un panorama grandiose. D’ici, on peut à loisir se donner le vertige en admirant les falaises de Gréville-Hague, forteresses abruptes et naturelles culminant pour certains à 70 mètres au-dessus du niveau de l’eau. Les regards les plus perçants peuvent même apercevoir au loin Omonville-la-Rogue et son port. Le Castel Vendon, si cher à Jean-François Millet, l’un des peintres fondateur de l’école de Barbizon, n’est pas très loin non plus. Né au pays, l’artiste l’a souvent croqué entre deux toiles de la vie quotidienne au XIXème siècle. Le “fils de paysan qui peint des paysans” nous a laissé une trace poétique de ces temps passés du bout de son pinceau. Sa maison natale, dans le hameau Gruchy à Gréville-Hague, rassemble une belle collection de dessins et de croquis préparatoires tandis que l’on peut retrouver in situ les sources d’inspiration du peintre alentours accompagnées de panneaux reproduisant ses œuvres.

On suit encore la côte en faisant étape dans les ports du Hâble et Racine. Le premier, l’un des plus vieux ports de la région, se situe à Omonville-la-Rogue. Gaulois et Romains fréquentaient déjà ses eaux profondes. Leurs descendants exploitent toujours la mer. Chaque jour, les pêcheurs locaux vantent la fraîcheur de leurs poissons. Port Racine se fait plus discret. Abrité sous la pointe de Saint-Germain-des-Vaux, ce havre aux proportions très modestes n’accueille que de frêles esquifs. Le plus petit port de France ne fait sans doute pas couler beaucoup « d’ancre » mais il n’en mérite pas moins pour autant une escale.

Entre les deux, on peut faire un détour par les terres pour rendre visite à Jacques Prévert. Sa maison se situe à Omonville-la-Petite et retrace aujourd’hui la vie et l’oeuvre de l’artiste. Dès la fin du mois, une exposition temporaire fera découvrir la passion des frères Prévert pour le cinéma. Pierre Prévert mettra d’ailleurs en scène quelques films dont le scénario était signé de la main de Jacques. Le reste de la demeure permet de se plonger totalement dans l’univers de Prévert à travers un film, des archives et collages originaux et tout simplement ces lieux chargés d’histoires à la Prévert.

On reprend la route vers la pointe de la péninsule de La Hague. Sauvage, ce territoire naturel présente un littoral fascinant. De belles baies et de grandes plages, à l’ombre des falaises abruptes, ont le regard tourné vers l’horizon. Tout au bout de ce cap, le phare de Goury, ou phare de la Hague, lutte contre le Raz Blanchard, l’un des plus forts courants maritimes du monde. Malmené par les vents et les vagues, le paysage ouvre grandes les portes de l’imagination. Le spectacle se déroule également dans les terres. Les champs entrecoupés de blancs murets de pierre donnent au territoire un air de “petite Irlande”. En chemin pour le Nez de Jobourg, chacun bée devant la beauté spectaculaire de la Baie d’Ecalgrain. Perdue dans un écrin de bruyères et de fougères, elle offre une vue imprenable jusqu’au cap de Flamanville et l’île d’Aurigny. Le sentier des douaniers, qui parcourt toute la côte du Cotentin, entraîne le visiteur dans un joli diaporama des infinies possibilités de la nature. Tout se mêle ici et l’on croise, en une seule balade, dunes et falaises, landes et plages de galets et même quelques grottes utilisées, selon de vieilles légendes locales, par des contrebandiers de tabac.

Toujours plus au sud, on découvre l’un des plus longs et des plus anciens cordons dunaires d’Europe, formé par les massifs de Vauville, Biville et Baubigny. Au pied de ces dunes, la mare de Vauville abrite bien plus que des canards. Cette immense lagune d’eau douce sert en effet de refuge à près de 140 espèces d’oiseaux sédentaires. Un observatoire ornithologique permet d’ailleurs au public de découvrir cette richesse naturelle. Pour le point de vue panoramique, il suffit de grimper jusqu’au belvédère du Thot.

Avant de quitter Vauville et le Cotentin, on s’offre une dernière escapade dans un “jardin remarquable” également “monument historique”. Le jardin botanique du château de Vauville abrite en son sein plus de mille espèces de plantes toutes originaires de l’hémisphère austral. Les plantations s’étalent sur 4,5 hectares où les frontières botaniques sont abolies. Des eucalyptus colonisent le bassin de la sagesse, les fougères royales de Tasmanie occupent les douves, les gunneras manicata du Brésil prennent l’eau dans un bassin proche des palmeraies de trachycarpus fortunei de Chine. Eric Pellerin, botaniste et parfumeur, a acclimaté ici dès 1948 des essences tropicales grâce au Gulf Stream qui courre au large des côtes de Vauville. Depuis le jardin vit sans contrainte et s’épanouit librement, laissant des espèces botaniques étonnantes et plus qu’originales charmer les visiteurs au cœur du Cotentin.

Antoine Norman

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- Informations générales :

- Manche Tourisme

- En Cotentin

- Où loger :

- La Volière à Jobourg

Chambres d’hôtes (2), bordées par un magnifique jardin et une vue panoramique exceptionnelle avec dans le lointain l’île d’Aurigny. Mention spéciale pour le pain perdu aux fruits rouges de Sylvie, la maitresse des lieux.

- Le Clos de l’Abré à Gatteville – le – Phare

Chambres d’hôtes (2), non loin du fameux phare, Monique & Alain vous accueillent comme des amis. Ici le maître mot est générosité. Incontournables au petit déjeuner, les produits locaux tels que le Jambon fumé d’Antan et la Brioche de Vast mais aussi le coucher de soleil féerique depuis leur jardin.

- Où manger :

- Le Restaurant du Port à Omonville – la – Rogue

- Le Café de France à Barfleur

- Le Safran à Barfleur

- La Bisquine à St Vaast – la – Hougue

- La Bruyère à Jobourg

- Produits locaux :

- Epicerie Gosselin à Saint Vaast – la – Hougue

- Découvrir :

- La maison de Jacques Prévert à Omonville – la – Petite

- La maison natale de Jean – François Millet à Gréville – Hague

- Port Racine à Saint – Germain – des – Vaux

- Le phare de Gatteville

- Le Jardin botanique de Vauville « un voyage sous les tropiques en Normandie »

- Guides :

- La Manche Littorale / Les clés pour bien voyager – Ed. Glénat

- Le littoral de la Manche / guide Vert Michelin

- Normandie / Géoguide – Ed. Gallimard

- Normandie / guide du Routard – Ed. Hachette

- Normandie / guide Lonely Planet

- Normandie / guide Petit Futé

- Normandie / guides Bleus – Ed. Hachette

- Normandie – Cotentin / guide Vert Michelin

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- Conception reportage – pratique – photos  Jean- Paul Calvet

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