Craquante Cracovie

Depuis ce week-end, l’équipe de France participe au championnat du monde de volleyball, à Cracovie. Entre deux smashes, l’occasion de redécouvrir la charmante capitale culturelle de la Pologne et – plus insolite – de visiter Nowa Huta, ex-quartier stalinien qui s’invente une nouvelle vie.

Une balade à Cracovie s’apparente à une promenade dans un musée à ciel ouvert. Bien sûr, dans la patrie de Jean-Paul II, alias Karol Wojtyla, les églises sont légion et rivalisent d’architecture gothique ou baroque. Prime donnée à la basilique Notre-Dame où trône le superbe retable ciselé par Veit Stoss. Cette ode à la Vierge est le fruit de douze années de travail (1477-1489). Côté nourritures terrestres pas d’inquiétude, les restaurants ceinturent le Rynek, plus vaste place médiévale d’Europe, et à chaque heure fixe vous pouvez lever votre verre à la santé du joueur de trompette qui semble saluer votre repas. Au cœur de la place, l’ancienne Halle aux Draps s’est reconvertie en une succession d’échoppes à souvenirs. Grimpette digestive jusqu’à la colline de Wawel. Déambuler dans le château royal et la cathédrale attenante est une manière de revisiter l’histoire du pays. Sous le regard énigmatique de « La Dame à l’hermine », fameux portrait de Léonard de Vinci. Ensuite, glissade jusqu’à la Vistule, le temps d’une romantique promenade en bateau.

La mémoire du passé vous titille ? Il n’y a que l’embarras du choix. À Wieliczka toute proche, descente dans les entrailles de la terre. Spectacle somptueux de la Chapelle Sainte Kinga, à 101 mètres de profondeur : ses parois de sel gemme taillées par des mineurs-sculpteurs composent des fresques inspirées de La Cène ou des Noces de Cana. La visite du quartier juif de Kazimierz, puis de l’usine-musée d’Oskar Schindler rappelle que quelques Justes s’opposèrent à la barbarie nazie.

Vous reprendrez bien une bouffée de nostalgie stalinienne ? En route pour Nowa Huta, (La « Nouvelle fonderie »), en Trabant forcément. Au volant de la bruyante pièce d’antiquité, Machec, 32 ans, natif du quartier hérissé de HLM, fait visiter un appartement resté dans son jus. Dans le sofa d’un rouge clinquant, on regarde sur la vieille télé un film de propagande des années 50. « Camarades ouvriers, un nouveau paradis vous est offert ! » En sortant de l’Eden, Machec annonce : « Je vais vous présenter Joseph Staline II ». Pas un rejeton du dictateur, mais le nom d’un vrai char qui occupe le trottoir devant le musée des combattants. Le blindé est désormais squatté par les enfants du quartier. Le temps d’ouvrir le capot de la Trabant afin que le moteur refroidisse à l’air libre et nous voilà repartis. « Bienvenue chez un autre Superman », s’amuse Machec. Il cale devant la statue de Jean-Paul II à l’entrée de l’église « L’Arche du Seigneur ». Erigée par des sidérurgistes bénévoles, elle symbolise la longue partie de bras de fer entre catholicisme et communisme. Aujourd’hui, la résistance continue sous une forme ironique. Animateur du mouvement « Le nouveau bain », un artiste du cru a réalisé une surprenante « Fontaine de l’avenir » : un Lénine miniature en plâtre, couleur fluo, prenant la pose du Manneken-Pis. Décidément, la jeune génération ne respecte rien.