Israël, terre promise, terre vue !

De Tel Aviv à la mer Morte, en passant par Jérusalem, vivez une succession d’ambiances : de la décontraction branchée à l’extrême ferveur spirituelle. Et n’oubliez pas de « faire le mur », sans obligation de s’y lamenter !

Le front de mer donne une idée de l’animation ininterrompue dans laquelle baigne Tel Aviv. Au pied d’une succession de tours-hôtels, la plage est âprement disputée par les joggeurs, cyclistes, gymnastes, danseurs et autres surfeurs. Tous semblent partager la religion locale en vogue, le culte du corps. Seuls les touristes de passage se prélassent le temps d’un selfie dans des transats géants, habilement siglés I love Tel Aviv.  Une balade du côté du boulevard Rothschild prend vite des allures de déambulation architecturale et historique. Coup d’œil sur quelques bâtiments minimalistes des années 20, spécimens du Bauhaus, intercalés entre des édifices éclectiques. Arrêt devant le lieu où David Ben Gourion prononça, le 14 mai 1948, la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël. On se souvient de ce passage : « Cet État assurera la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants, sans distinction de religion, de race ou de sexe »…

Nous filons bientôt à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville arabe de Jaffa, transformée en quartier culturel à la mode. C’est là, par exemple, dans une véritable caverne d’Ali Baba, que l’artiste Ilana Goor présente sa collection foisonnante de 500 œuvres. Sur la colline de Jaffa trônent des piliers sculptés, la Porte de la foi. Elle offre aussi une jolie vue panoramique sur le littoral méditerranéen. Le soir, les multiples bars, certains gay friendly, emplis d’une foule jeune, débordent allègrement sur les trottoirs. Surprise, lors du retour à l’hôtel en plein shabbat : pas question pour les Juifs de toucher aux boutons des ascenseurs – contact interdit avec les circuits électriques – alors ceux-ci s’arrêtent à tous les étages. On finit quand même par rejoindre nos pénates… au 20ème !

D’un mur à l’autre

On redescend de nos sommets pour gagner le point le plus bas de la surface du globe, la mer Morte, sise à 428 mètres sous le niveau de la mer. Sur le trajet, du côté de Ramallah, la route est entourée de murs de protection, érigés également sur les territoires qui séparent villes palestiniennes et colonies israéliennes. Halte au « point zéro », le temps de saluer des nomades bédouins qui accompagnent un imposant troupeau de chèvres. Nous atteignons enfin le havre promis, la réserve d’eau à 34° de salinité. Test concluant : nous flottons. On peut apporter son journal et lire en toute quiétude les nouvelles fraîches dans la mer Morte. Cependant, il est conseillé de ne pas oublier ses tongs, précieuses sur le sel cristallisé et coupant du rivage. Il est loisible de prolonger le farniente dans la localité d’Ein Gedi. Signe des temps, l’ancien kibboutz s’est reconverti en hôtel/spa et commerce de produits cosmétiques : les finances ne s’en portent que mieux.

Histoire de reprendre de la hauteur, nous grimpons en téléphérique à la forteresse de Massada. Là, hommage obligé aux zélotes, ce petit millier de rebelles juifs, qui en l’an 66 tinrent en respect, depuis leurs falaises, les légions romaines, avant de se suicider plutôt que de tomber aux mains des assaillants. L’épisode épique fait désormais partie des mythes fondateurs de l’Israël moderne.

Direction Jérusalem. Première impression, celle d’une unité architecturale. Nombre d’édifices sont bâtis avec la même pierre calcaire d’un jaune crème lumineux. Tous sont surplombés par le Dôme du Rocher, tombeau coiffé d’une coupole en aluminium, plaquée d’or. Il n’empêche, Jérusalem, cité des trois monothéismes, reste « la ville de la discorde ». À chacun son culte. Pour les chrétiens, elle demeure le lieu où Jésus a connu la crucifixion et la résurrection. Les musulmans la vénèrent comme le 3e lieu saint de l’islam, après La Mecque et Médine. Les juifs la considèrent comme le symbole de l’Israël biblique, le site du sacrifice d’Abraham et du temple de Salomon. ique, le site du sacrifice d’Abraham et du temple de Salomon.

Justement, nous nous dirigeons vers le mur des Lamentations, dernier vestige restant du complexe du mont du Temple. Une foule s’y presse, dans laquelle se distinguent nombre d’ultra-orthodoxes, cohorte de longs manteaux noirs, surmontés de papillotes et de chapeaux. Ils se recueillent, embrassent les pierres, puis glissent bientôt dans les interstices du mur de petits papiers que l’on imagine griffonnés de vœux, suppliques et autres prières. On assiste, étonné, à la répétition indéfinie de ces scènes pieuses. On se surprend à fredonner la chanson chère à Serge Gainsbourg et Régine, « Laissez parler les p’tits papiers », papier chiffon, papier buvard, papier d’amour, papier velours. Une légèreté bien incapable d’enrayer crispations et déchirements qui restent l’apanage de la ville sainte.

Yves Hardy

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Pratique

- Renseignements :  Office national israélien de tourisme 

- Y aller : Transavia

- Où dormir :

- Tel Aviv : hôtel Herods

- Jérusalem : hôtel Leonardo

- Guides :

- Israël et Palestine – Guide du Routard / Ed. Hachette

- Israël et les Territoires palestiniens / Ed. Lonely Planet

- Israël, Jérusalem, Cisjordanie – Bibliothèque du Voyageur / Ed. Gallimard

- Israël, Jérusalem, Cisjordanie – Guides Voir / Ed. Hachette

- Jérusalem -  Cartoville / Ed. Gallimard

- Israël – Guide Petit Futé

- Tel Aviv – Guide Petit Futé

- Jérusalem – Guide Petit Futé

- Dictionnaire Insolite de Tel Aviv / Ed. Cosmopole

- Dictionnaire Insolite de Jérusalem / Ed. Cosmopole

- Le Goût de Jérusalem / Ed. Petit Mercure