Mirages marocains

Larguez les amarres et envolez-vous pour Ouarzazate. À 3 heures de Paris, le circuit concocté par Salaün Holidays aux portes du désert brouille – très agréablement – vos repères. En dromadaire, Simone !

Ça commence bien : à Ouarzazate, un nom de rêve, le Maroc fait son cinéma. Les studios en plein air jouent les Hollywood aux petits pieds, enfin pas si petits que cela, à voir la taille de ceux des pharaons mobilisés dans les films « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » et autres « Lawrence d’Arabie ». Ainsi accoutumé aux décors irréels, on goûte avec plaisir aux paysages contrastés qui défilent sur la route conduisant plus à l’est, vers Erfoud. Palmiers tropicaux et sommets enneigés cernent les ksour, villages fortifiés, et composent une improbable carte postale. Dans les vertigineuses gorges du Dadès, le lit de la rivière est enserré par les à-pics des falaises rocheuses. Seule ombre au tableau, la proche vallée des roses est, elle, encombrée de monceaux de sacs plastiques. Vivement que M6 – le roi Mohammed VI – entreprenne une virée dans le coin, que les locaux fassent le ménage !

Dunes sahariennes, les pieds dans l’eau 

Erfoud est enfin en vue. La ville plutôt que ses gazelles. Car les femmes d’ici, bâchées de noir selon la tradition, le visage recouvert pour moitié du haïk, déambulent telles des silhouettes borgnes. On se console en se disant qu’une œillade n’en a que plus de prix. Une demi-heure de piste plus loin, les dunes de Merzouga – la porte d’entrée du désert – ont pris leurs aises et s’étalent sur une  quinzaine de kilomètres. Surprise, lors de notre passage, les dunes ont les pieds dans l’eau. Abus d’harissa montée à la tête ou réminiscence de « Tintin au Sahara » ? Pas du tout. Youssef notre guide explique que la crue subite d’un oued a créé ce lac éphémère. On profite pleinement de cette vision fugitive avant d’enfourcher notre dromadaire. Moments magiques alors que le soleil décline. L’erg de couleur ocre se pare de teintes dorées, les ombres chinoises de notre méharée s’effacent peu à peu à la nuit tombante.

De vrais nomades, nous en rencontrons dans la plaine d’Alnif, savane tantôt verdoyante tantôt aride, piquetée d’acacias plus que de villages. La petite communauté berbère semble sortie tout droit du Moyen-Âge. Trois ânes et quelques dizaines de chèvres suffisent à la survie. En dépit du dénuement, des dattes séchées sont offertes aux visiteurs. Petit détour par la vallée du Draa qui suscite les oasis, puis, entrée dans Zagora. La ville, dernière étape de la route caravanière avant le grand désert, entretient sa réputation. Sur les murs, une fresque attire les regards : « Tombouctou, 52 jours ». Avis aux audacieux auto-stoppeurs ! Avant de regagner ses pénates, Marrakech constitue un possible sas de décompression. Thé à la menthe ou orgie d’olives dans le souk de la médina, balade sur l’incontournable place el-Fna. Là, pas de doute, nous sommes en territoire connu. Les mirages marocains sont derrière nous.

Yves Hardy

 

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 Guides :

- Maroc – Encyclopédie du Voyage – éditions Gallimard

- Maroc – guide Petit Futé

- Maroc – guide du Routard

- Maroc – guide Lonely Planet

- Maroc – Géoguide / Gallimard