Les musées ne perdent pas le Nord

En 2020, Lille sera la capitale mondiale du design. En attendant que se dessine le programme des festivités, on peut toujours s’acclimater en allant découvrir les musées et le patrimoine nordistes.

Le TGV, c’est Inoui, emmène ses voyageurs parisiens en à peine une heure jusqu’à l’une des deux gares de Lille. De là, c’est toute la ville qui s’offre aux visiteurs. Et il est facile de se laisser aller à pérégriner dans les rues du Vieux Lille ou du côté de la Grand Place en s’arrêtant là pour siroter une bière locale, ici pour pousser la porte d’un des nombreux restaurants de la cité nordiste. Mais la gastronomie n’est pas la seule richesse culturelle des lieux. Loin de là ! Il suffit de se rendre place de la République pour s’en convaincre. Le Palais des Beaux-Arts, digne représentant de l’architecture monumentale de la fin du XIXème siècle, s’y prélasse, palace de l’art aux collections de peintures européennes impressionnantes. On s’y balade entre cabinet de dessins, dont quarante feuilles de Raphaël, galerie de sculptures et céramiques des XVIIème et XVIIIème siècles.

Au cœur même du Vieux Lille, le musée de l’Hospice Comtesse ne s’en laisse pas compter. Installé dans ce qui fût l’hôpital de la comtesse Jeanne de Flandre, le musée abrite depuis les années 1960 tableaux, tapisseries, bois sculptés, meubles et faïences de la région offrant ainsi aux visiteurs la vision d’une maison religieuse flamande du XVIIème siècle.

Tout autour de Lille, un océan de possibilité s’offre encore aux curieux. Il suffit de se rendre à Villeneuve d’Ascq pour découvrir le LaM, l’ex-musée d’art moderne Lille Métropole devenu Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut !

Le LaM abrite une collection permanente détonante composée de chefs d’œuvre cubistes. Picasso, Braque, Laurens et Léger, entre autres, occupent l’espace aux côtés d’adeptes du fauvisme, de l’Ecole de Paris et du surréalisme. Et ce n’est pas tout ! Le LaM donne toute leur place à des artistes comme Buren, Boltanski ou Soulages sans oublier, grâce à la donation l’Aracine, les œuvres d’art brut.

La promenade nordiste se poursuit. Impossible alors de faire une croix sur Croix et sa villa Cavrois. Conçue par Robert Mallet-Stevens dans les années 1930, cette villa se veut le porte-étendard de l’architecture moderniste. Elle offre “le vrai luxe” à ses habitants selon son créateur. Elle leur permet de “vivre dans un cadre lumineux, gai, largement aéré, bien chauffé, avec le moins de gestes inutiles et le minimum de serviteurs”.

La villa se veut aussi grandiose. Aujourd’hui encore, elle étonne par ses proportions. Elle mesure près de 60 mètres de long pour 3 800 m² de surface de planchers dont 1 800 m² de pièces habitables et 830 m² de terrasses. La villa Cavrois était par ailleurs au moment de sa construction à la pointe de la modernité. Avec ses structures entièrement composées de béton armé, elle est percée de grandes baies vitrées. Chacune de ses pièces bénéficie d’une ventilation, du téléphone et de la TSF. Equipée du chauffage central, la villa dispose également d’un ascenseur pour desservir son sous-sol.

Robert Mallet-Stevens expliquait alors que “construire, ce n’est pas seulement monter quatre murs qui portent des planchers (…), c’est utiliser au mieux le béton armé, le chauffage central, les ascenseurs, le téléphone, les appareils ménagers, la climatisation, les appareils sanitaires, l’évacuation des ordures, les parois insonores, les enduits imperméables, les appareils à adoucir l’eau, l’étanchéité des terrasses, les sources électriques, la ventilation naturelle imaginée par un Knapen, l’ensoleillement des locaux même au Nord, l’éclairage indirect grâce à des surfaces créées par un Salomon, l’acoustique étudiée par un Gustave Lyon…” Acquise par l’Etat en 2001, la villa bénéficie depuis 2008 des soins du Centre des monuments nationaux qui a assuré la restauration du parc et des intérieurs tout comme sa mise en valeur et sa présentation au public.

On quitte Croix pour rejoindre Roubaix toute proche et qui se vante, avec raison, d’être “une ville alternative. Une ville cosmopolite, bouillonnante, qui a su tirer parti de ses richesses passées pour en créer de nouvelles dans l’air du temps, et de son patrimoine industriel foisonnant pour se réinventer en destination touristique”.

Pour se mettre dans le bain, on plonge au cœur de La Piscine. Ce musée d’art et d’industrie prend réellement place dans une ancienne piscine Art Déco, considérée lors de son ouverture en 1932, comme la plus belle de France. A l’époque, Jean Lebas, maire de la commune et ministre du Travail sous le Front Populaire, voulait endiguer les épidémies grâce à ce temple de l’hygiène concentrant en un seul lieu un bassin de natation, des salons de coiffure, un sauna et des salles de bains individuelles.

Fermé à partir de 1985 en raison de la fragilité de sa voûte, ce lieu cher au cœur des Roubaisiens bénéficie d’une réhabilitation d’exception en 2001 par l’architecte Jean-Paul Philippon qui s’était déjà fait la main avec le Musée d’Orsay. L’année dernière, La Piscine s’est même offert un nouveau visage. Après six mois de fermeture et de travaux, le musée a gagné 2 300 m² d’espaces supplémentaires. “Le musée s’est métamorphosé avec une nouvelle aile incluant une galerie-panorama de la sculpture moderne une salle consacrée à l’histoire de la ville ainsi qu’une aile dédiée aux artistes du Groupe de Roubaix”.

La balade roubaisienne se conclut au Non-Lieu. Situé dans l’ancienne usine textile Cavrois-Mahieu, une filature de laine fondée en 1887, ce site industriel a été sauvé de la disparition par une association qui le conserve dans son état d’origine “avec les bidons, les gamelles, les bobines, comme si les ouvrières venaient de partir”. Un joli Non-Lieu où le temps file comme la laine d’antan…

Antoine Norman

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-Informations générales :

- Office de Tourisme de Lille

- Y aller :

- TGV Inou

- Où dormir :

- Resort Barrière Lille

- Up hôtel

- Why hôtel

- Grand hôtel Bellevue

- Où manger :

- Chez la vieille

- Le Oui

- Le Barbier qui fume

- Jour de pêche

- Gabbro

- Rouge barre

- Le Compostelle

- Déguster :

- Les fameuses gaufres de la maison Méert

- Visiter :

- La Piscine (à Roubaix)

- La Villa Cavroix (environs de Roubaix)

Le LaM (Villeneuve d’Ascq)

- Le Musée de l’Hospice Comtesse (Lille)

- Guides :

- Lille et l’Eurométropole / Cartoville -Ed. Gallimard

- Lille en quelques jours / guide Lonely Planet

- Lille Métropole / City book – guide Petit Futé

- Nord – Pas de Calais / guide du Routard – Ed. Hachette

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- Conception reportage – pratique – photos Jean – Paul Calvet

- Reportage photo réalisé avec le nouveau Nikon Z7

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