La Sicile fait son cinéma

Des péplums au Parrain, la Sicile est adepte de l’écran total. Voyageurs du Monde vous donne les clés d’un voyage sur l’île, avec le cinéma comme toile de fond.

Le vol n’aura duré que le temps d’un long métrage. Et voilà que la lumière revient déjà. Le film est terminé. Mon voisin me réveille. “Tu dormais comme un nouveau-né”, médit Michel, mon compagnon de voyage. Vieille canaille ! Et tandis qu’il enfile chaussettes et santiags noires, l’avion amorce sa descente vers le sol de la Sicile. Quelques centaines de mètres plus bas, Palerme nous attend sous le soleil. Il ne faut pas moins de deux jours pour visiter cette ville méditerranéenne dont le passé se fait présent à tous les coins de rue. Les Normands et les Catalans y ont laissé quelques palais et monuments dignes des meilleurs films de cape et d’épée. Plus tard, le baroque s’y est épanoui, faisant fleurir à chaque coin de rue fontaines, niches et statues.

Du balcon de l’hôtel, on aperçoit un tout autre style, celui des deux théâtres du XIXème siècle qui nous entourent : le Teatro Politeama et le Teatro Massimo. A peine a-t-il fini ses prières du soir que Michel me rejoint et pointe du doigt le grand escalier du Teatro Massimo Vittorio Emanuele. “C’est là que Mary Corleone meurt dans les bras de son père dans le troisième volet du célèbre Godfather”, me lance-t-il, alors que ses yeux couleurs menthe à l’eau se perdent au loin. Son regard court au-delà de la via Roma jusqu’au Palais Valguarnera-Gangi. Théâtre de bien des histoires, le palais s’ouvre au cinéma dans les années 60. Sa salle de bal et sa galerie des miroirs accueillent alors Luchino Visconti, bien inspiré d’y filmer la danse du Guépard.

Terre antique, la Sicile n’est jamais plus belle qu’en ruines. Phéniciens, Romains, Carthaginois, Arabes, toutes les grandes civilisations ont visité l’île. A Sélinonte, sur la côte sud, les collines regardent vieillir les vestiges de tous ces peuples. Il suffit alors d’un brin d’imagination pour être transporté dans quelques péplums de Riccardo Freda.

L’immersion au cœur de l’Antiquité devient totale plus à l’est, non loin d’Agrigente. On pénètre là dans la vallée des Temples, un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Michel ne sait plus où donner de la caméra. Héraclès, Zeus, Héra, les Dioscures alias Castor et Pollux, toutes les têtes d’affiche de l’Antiquité sont présentes. La tournée des péplums se conclut à Syracuse, raisin sur le gâteau des possessions de Corinthe. Elue plus grande et plus belle des villes grecques par Cicéron, la ville n’a rien perdu de ses charmes.

Le clap final se rapproche. Cinéphile, adepte du cliché, Michel m’entraîne dans une dernière escapade au-delà de Raguse, une ville divisée en deux par un tremblement de terre de légende. Ses adieux, il ne pouvait, évidemment, ne les faire qu’à Ispica, dans les décors de Divorce à l’Italienne.

Sébastien Dieulle

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Guides :

- Sicile / guide du Routard – éditions Hachette

- Sicile / Géoguide

- Sicile – îles Eoliennes / guide Petit Futé

- Sicile / guide Vert – éditions Michelin

- Sicile / guide Voir – éditions Hachette

- Sicile / guide Lonely Planet

A lire :

- Le goût de Palerme / éditions Mercure de France

- La Sicile par Guy de Maupassant / éditions Magellan & Cie

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