Une autre fission du voyage photo !

Voyage Photo Passion propose un séjour aux photographes mais aussi aux simples curieux dans une zone qui n’a rien d’ordinaire. Il s’agit de rallier Pripiat, la célèbre ville fantôme à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl, afin d’en capturer quelques belles images loin des clichés habituels.

Le soleil vient à peine de se lever quand Anatoli Stepanovitch Diatlov sort de son logement de fonction. L’homme va chercher son automobile garée un peu plus loin. Il rejoint bientôt la cohorte des employés qui tous se dirigent vers la centrale nucléaire V.I Lénine. En regardant défiler le paysage urbain de Pripiat, le cœur d’Anatoli s’emplit de fierté. Sa ville fait office de modèle de l’architecture soviétique. Construite une dizaine d’années auparavant, la cité compte désormais près de 50 000 habitants répartis dans des logements collectifs de bonne qualité. Tout autour, les équipements culturels leur offre une vie digne de celle de la nomenklatura. Jardins publics, installations sportives, cinémas, théâtres, parc d’attraction, on ne manque de rien à Pripiat. Anatoli poursuit sa route jusqu’au pied de la formidable centrale de Tchernobyl. Six réacteurs nucléaires y produisent de l’électricité pour le peuple soviétique. Deux autres sont en cours de construction. Aujourd’hui, l’ingénieur en chef adjoint et ses équipes vont se concentrer sur le réacteur n°4. Exploité depuis 1984, celui-ci doit subir un nouveau test quant à son fonctionnement en cas de panne de courant. Tout le monde se prépare à entamer les premières procédures de l’expérience quand le centre de régulation de Kiev demande un report. Une autre centrale électrique vient de tomber en panne. Celle de Tchernobyl doit pallier à ce dysfonctionnement jusque tard dans la soirée. Les hommes de la centrale devront attendre 23h avant de déclencher le test. La nuit est déjà bien avancée quand on commence à réduire la puissance du réacteur. Tout se passe selon le plan établi pendant plus d’une heure. A 00h30, une première erreur entraîne une chute de la puissance. Le réacteur toussote. La pression augmente. On décide alors de relancer la machine. Dix minutes passent, la puissance augmente à nouveau mais trop faiblement. Certains commencent à s’inquiéter. Anatoli Diatlov insiste. A 1h03, il ordonne le lancement du test. Bon gré mal gré, ses équipes s’exécutent. Dix-huit minutes plus tard, les systèmes de sécurité préconisent l’arrêt immédiat du réacteur. Il est 1h21. Une petite centaine de secondes seulement s’écoulent avant qu’un ouvrier ne voit le couvercle du réacteur se soulever à cause de la pression. Un contremaître prend alors ses responsabilités et enclenche le processus d’arrêt d’urgence mais il est déjà trop tard. Une énorme déflagration retentit et projette les 2 000 tonnes du couvercle dans les airs. A 1h23, ce 26 avril 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl vient d’exploser. Plus de trente ans après les faits, personne n’a oublié cette catastrophe atomique d’une ampleur extrême. Les conséquences immédiates, dévoilées, en partie, plus de trois jours après l’explosion, paraissent encore aujourd’hui irréelles tant elles sont extraordinaires. Ainsi, deux heures après l’accident, les techniciens de la centrale souffrent des premiers symptômes de la contamination radioactive. Malaises, vomissements, vertiges, diarrhées, brûlures ne leur laissent pas de répit. Soignés dans un hôpital à proximité, plusieurs d’entre eux ne survivront pas plus de quelques jours. Trente heures après l’explosion, les autorités russes décident enfin d’évacuer la population de Pripiat. Des chars soviétiques accompagnent 1 225 autocars afin de déplacer au plus vite les civils. Le convoi s’étale sur vingt kilomètres. Ordre leur est donné de ne rien emmener. On leur promet un retour à la normale dans les trois jours à venir.

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Depuis, rien n’a changé à Pripiat. Devenue zone interdite, la ville a été partiellement vidée afin de dissuader les habitants de revenir sur les lieux et les voleurs de dérober des objets radioactifs. Aujourd’hui, on peut, sous certaines conditions, revenir sur ses lieux abandonnés. Le tourisme se développe là à grande vitesse. Ravis d’accueillir des visiteurs, les Ukrainiens n’en déplorent pas moins quelques errements. Fred, de Voyage Passion Photo, aussi. “Beaucoup de touristes et de guides ne respectent pas les lieux, explique-t-il. Certains gravent leurs noms sur les murs, les portes, les arbres, comme s’ils avaient gravi l’Everest”. Avec un ami ukrainien, Fred propose une autre façon d’arpenter Pripiat, “ce lieu unique pour les photographes”. “Nous avons créé un tour spécial pour photographes et personnes non photographes voulant découvrir cette zone tout en respectant les lieux et les règles de l’urbex (exploration urbaine)”, explique-t-il.

Le séjour dans les environs de Tchernobyl ne peut excéder cinq jours et certaines précautions demeurent indispensables. “Comme ceux qui ont subi la catastrophe, n’oublions pas que nous sommes devant un ennemi invisible, rappelle Fred. Si rien n’est expliqué en amont par l’organisateur du tour et le guide local, les risques peuvent être important pour le visiteur”. Heureusement, avec Voyage Passion Photo, rien n’est laissé au hasard.

Mika et Fred choisissent les lieux d’exploration avec minutie. Ils laissent systématiquement de côté les lieux à la contamination trop élevée. Equipé de compteurs Geiger, le groupe ne s’expose jamais inutilement à une trop forte radiation. Enfin, pour rassurer encore un peu plus les participants quant à une éventuelle contamination, Fred et Mika mettent à disposition une crème de décontamination. Celle-ci s’applique sur la peau qui aurait été en contact avec des éléments radioactifs.

Respectueux des lieux, Fred et Mika le sont aussi des personnes qui vivent à nouveau au cœur de la zone d’exclusion. Ils viennent ainsi régulièrement saluer, avec leur groupe, Hanna, une habitante de 85 ans revenue vivre trois mois après la catastrophe dans sa maison.

Soucieux d’assurer la sécurité des participants mais aussi de leur offrir un séjour réellement enrichissant, Voyage Passion Photo sait sortir des sentiers battus du tourisme de masse sans pour autant prendre de risques. Pripiat a déjà eu son lot de catastrophe…

Antoine Norman

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- Y aller avec : Voyage Photo Passion

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- Guides :

- Ukraine / guide Petit Futé

- Russie – Belarus – Ukraine / Bibliothèque du Voyageur – Ed. Gallimard

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- Conception reportage : Jean – Paul Calvet / photos DR

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