La côte d’Albâtre de Fécamp à Etretat

130 kilomètres de long avec des falaises pointant jusqu’à 120 mètres de hauteur, la Côte d’Albâtre en Seine-Maritime fût et reste l’atelier de travail de dizaines de peintres charmés par sa beauté sauvage. Focus sur 2 étapes incontournables, Fécamp et Etretat.

Fécamp du hareng à la Bénédictine

« Fécamp, port de pêche qui entend le rester » disait le grand Charles et même si cela est moins vrai aujourd’hui, l’histoire de la citée est intimement liée à la mer. On trouve les fécampois voguant sur les océans du globe depuis la fin du XVème siècle mais c’est surtout au début du XXème que l’activité maritime bat son plein. A l’époque on ne compte pas moins de 69 trois-mâts immatriculés dans le port. Parmi les plus fameux, la Marité, dernier des terre-neuviers en bois encore en navigation et un peu plus tard dans les années 30, sortis des chantiers navals fécampois on peut admirer à quais les fleurons de la Marine Nationale, les goélettes-écoles, l’Etoile et la Belle Poule. Les docks sont aussi le territoire des saurisseries où l’on boucane le hareng. Parallèlement, le chemin de fer et son modernisme feront passer la petite ville du statut de port maritime à station balnéaire.

L’art et l’histoire ne sont pas en reste avec en plein centre-ville, faisant face aux ruines de l’ancienne demeure des Ducs de Normandie, l’abbatiale de la Sainte Trinité et son Précieux Sang du Christ. Plus haut, niché sur la falaise nord, la petite chapelle Notre-Dame de Salut et son imprenable panorama sur Fécamp et le cap Fagnet. Mais le plus surprenant reste l’incroyable palais Bénédictine (la fameuse bouteille) dont il faut absolument visiter le musée et la distillerie. Cet immense édifice sorti tout droit d’un conte de fées nous a été légué par Alexandre le Grand (non, non, c’est sérieux). Marchand de vins et collectionneur, il découvre dans un vieux livre la recette d’un élixir de longue vie, véritable liqueur d’alchimie élaborée en 1510 par un moine bénédictin Dom Bernardo Vincelli. Le succès du breuvage fera sa gloire et sa richesse et la production mondiale est encore aujourd’hui toute entière assurée sur place.

Etretat de fil en aiguille

En longeant la côte, un peu plus au sud, Etretat a elle carrément opté pour la version balnéaire. Dès le début du XIXème siècle la reine Hortense et la duchesse de Berry y avaient lancé la mode des bains de mer. C’est sous Charles X, qu’Alphonse Karr, journaliste au Figaro incite ses lecteurs à venir découvrir « les charmes de ce petit village posé sur le galet entre deux arches de calcaire ». Le succès ne se fait pas attendre et la cour rayonnante du Second Empire envahit les lieux « vitesse grand V » faisant bâtir ici et là de somptueuses villas. Dans la foulée arrive une ribambelle d’artistes peintres et pas des moins célèbres puisqu’on y trouve Corot, Courbet, Delacroix, Monet, JongKind, Matisse …

Côté littérature, l’air marin local séduit Victor Hugo, Guy de Maupassant, André Gide et surtout Maurice Leblanc. Le père du gentleman cambrioleur s’offre une demeure « le Clos Lupin » visite incontournable pour ceux qui aiment les ambiances mystérieuses si chère à l’ancien maître des lieux. Pour la musique, Jacques Offenbach se plaisait à trainer au bar-patio du Domaine St Clair où accompagné de quelques amis, il promettait de tuer le chien si on ne leur servait pas à boire !

Jean-Paul Calvet