Les Hébrides, de l’eau-de-vie à la mer

« Grand Nord Grand Large » met le cap sur les Hébrides. A bord d’un joli ketch, on découvre les paysages stupéfiants de la côte ouest de l’Ecosse tout en faisant la tournée des grands ducs des distilleries locales peu banales.

Laissez la Vilaine et son port d’Arzal pour prendre la mer et le départ d’un voyage vers l’Ecosse. L’Algol est paré. Le voilier, un ketch de 17,50 mètres de long, offre une mise en bouche à ses douze passagers, dont deux membres d’équipage, en mettant le cap sur le port du Palais à Belle-Ile-en-Mer. La plus grande île de la petite Bretagne les accueille le temps d’une première étape à l’ombre de la citadelle de Vauban. La pause n’en est pas une. On en profite pour s’amariner car à bord de l’Algol, tout le monde participe à la bonne marche du navire !

La marée suivante donne l’élan au navire pour prendre la mer. Direction plein Nord vers l’archipel des Hébrides. Islay, la plus méridionale des îles, sera la première des destinations. La “Reine des Hébrides” apparaît bientôt à l’horizon. Des multitudes d’oiseaux accompagnent la bateau jusqu’à la terre ferme sur laquelle les hommes s’affairent à produire des whiskies de malt au goût aérien. Souvent battue par les vents, riche en tourbières, Islay est un paradis pour l’amateur de whisky. Ce n’est pas un hasard si l’île dispose du nombre de distilleries au mètre carré le plus important d’Ecosse.

On quitte le bar pour reprendre la barre en direction du Loch Tarbert sur l’île de Jura. Ancré dans une jolie baie, l’équipage débarque vite, attiré par la réputation du whisky local, une véritable eau de vie selon la légende. Le whisky de Jura repousse la mort ! On jure ici qu’un homme aurait attendu 180 ans avant de se couler dans sa bière, c’est dire.

Plus vivant que jamais, l’équipage se remet en train pour mettre le cap sur l’île de Mull. Prochaine escale, Tobermory, un petit village de pêcheur aux airs de carte postale. Face au port, la distillerie ne se manque pas. Installé au bord de l’eau, là où on en boit peu, elle fournit deux élixirs aux arômes prononcés. Alors quand on ressort de l’échoppe séculaire, en jetant un regard sur sa gauche, on aperçoit de jolies maisons multicolores. Pourtant l’alcool n’y est pour rien. Les seuls responsables sont les habitants qui entretiennent avec soin les vives couleurs des façades de leurs maisons.

Un arrêt au port plus loin, on met les voiles vers l’Ile de Skye, la deuxième plus vaste d’Ecosse après Lewis et Harris. Ses paysages sauvages laissent rêveur. Ils invitent aux longues randonnées dans un lieu préservé, entre terre et mer. La distillerie locale offre une vue imprenable sur les Cuillin, ces montagnes dominées par le Sgùrr Alasdair, ainsi que sur des tonneaux de Talisker qui ne demandent qu’à être dégustés.

On reprend la mer une dernière fois pour se rendre sur l’île de Lewis, le jumeau septentrional de l’île d’Harris. La côte se dévoile bientôt. Aussi diverses que les terres qu’elle annonce. Les falaises alternent avec les plages de sable doré et les machairs tout verts. Et pour prendre d’autres couleurs, l’île ne déroge pas aux traditions écossaises et délivre son “Spirit of Lewis” directement en fût. Un esprit tout en fumet…

Sébastien Dieulle

Guide :

- Ecosse – Bibliothèque du Voyageur / Editions Gallimard