L’Estrémadure, nature et vieilles pierres

Très nature, l’Estrémadure se distingue par un patrimoine impressionnant. Vieilles villes, palais de conquistador, alcazar et thermes romaines parsèment le chemin du visiteur de Caceres à la Vallée de l’Ambroz.

Visitée depuis longtemps, l’Estrémadure a pris le temps de peaufiner son sens de l’accueil. A l’aube de notre ère, les Romains s’y installent avant de céder la place aux Wisigoths puis à l’émir de Cordoue. Chacune de ses visites a laissé des vestiges dont la province, historiquement capitale, s’enorgueillit encore aujourd’hui.

Au centre de ce petit coin du sud-ouest espagnol, Caceres illustre à merveille la longue histoire de l’Estrémadure. Entourée de remparts d’origine arabe, la vieille ville, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, constitue un ensemble artistique et monumental extrêmement bien conservé. Ses rues pavées sinuent entre de belles maisons fortifiées médiévales et des palais Renaissance. Quelques places trouent cet entrelacs de ruelles pour laisser certains des plus remarquables édifices s’épanouir. La place Santa Maria accueille ainsi le palais de Carvajal (XVème-XVIème siècle) qui abrite aujourd’hui l’office de tourisme provincial à l’ombre de son figuier millénaire. Son voisin le dépasse en taille. Le palais de Mayoralgo (XVIème siècle) ne se distingue pas que par la taille. Son patio intérieur aux arcs brisés en brique lui donne un charme tout particulier. Le palais épiscopal, toujours sur la même place, ne se fait pas prier pour briller aux côtés de la cathédrale Santa Maria, bel édifice gothique du XVème siècle.

A quelques encablures de là, le palais des Golfines de Abajo rappelle lui aussi les influences diverses qui ont inspiré l’architecture à Caceres. Il présente, mêlés, des éléments gothiques et mudéjars derrière sa façade Renaissance. Sur la place San Mateo, la Casa de las Veletas abrite des vestiges encore plus ancien puisqu’elle a été édifiée sur l’ancien alcazar almohade.

Pour profiter encore un peu plus de l’atmosphère unique de Caceres, on peut prendre ses quartiers à l’Atrio, un Relais & Châteaux dont la table s’orne de deux étoiles au Guide Michelin. Le chef Toño Pérez magnifie ici les produits du terroir de la truffe aux pieds de cochon tout en s’autorisant de belles créations gastronomiques. D’autres trésors patientent à la cave. Œnophile passionné, José Polo veille sur près de 40 000 bouteilles des crus les plus prestigieux. Sa collection, fournie, de Château Yquem s’orne de la dernière bouteille connue du millésime 1806.

A Mérida, l’histoire n’est jamais très loin non plus. Fondée quelques années avant notre ère pour offrir une belle retraite à des soldats méritants, la capitale de l’Estrémadure conserve de nombreux vestiges de l’époque romaine. L’ensemble archéologique de Mérida est d’ailleurs lui aussi inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. On visite la ville comme un musée à ciel ouvert.

Impossible de passer à côté de l’amphithéâtre qui, à ses plus belles heures, pouvait accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs. On se pressait dans ses tribunes pour assister aux combats de fauves et de gladiateurs, on venait assister à des exécutions comme à des spectacles. Amateurs d’art, les Romains avaient aussi construit ici un théâtre. Détruit par les Wisigoths qui se sont servis des pierres pour renforcer les remparts de la ville, le théâtre a été depuis restauré et on peut encore y applaudir des représentations notamment lors du Festival international de théâtre classique. D’autres vestiges – aqueducs, cirque, villa Mitreo, espace funéraire Columbarios- et un Musée national d’art romain permettent de plonger encore davantage dans l’ère romaine de l’Estrémadure.

 

On peut aussi plonger non loin d’ici dans les eaux thermales d’Alange. Située au bord d’un barrage où se rejoignent trois fleuves “Matachel, Palomillas et Valdemedel- Alange s’apprécie alangui à l’envi. Les vertus thérapeutiques de ses eaux sont connues depuis l’époque de Trajan et d’Hadrien. Aujourd’hui, la station thermale se compose de quelques parties romaines mais aussi d’autres plus récentes datées, notamment, du XIXème siècle.

On prend ensuite la route des conquistadors pour rejoindre Trujillo, ville d’origine de Francisco de les Casas mais surtout de Francisco Pizarro. On retrouve ce dernier au centre de la Plaza Mayor, le noyau de la cité. Place seigneuriale depuis le XVIème siècle, elle s’orne de nombreux palais construits par les conquistadors et les familles nobles des environs. Tout autour, églises et belles demeures occupent l’espace jusqu’à l’enceinte fortifiée jalonnée de dix-sept tours mais aussi des vestiges de l’alcazar des bejarano et du mirador des Jeronimas. D’autres tours se distinguent un peu plus loin. Elles couronnent le château arabe hérité de l’époque du califat de Cordoue. De ses hauteurs empierrées on peut presque apercevoir le Parc national de Monfragüe, une contrée de basse montagne encore sauvage où le Tietar se jette dans le Tage.

Ce parc accueille l’une des plus grandes forêts méditerranéennes du monde où s’épanouissent les chênes vert, liège et rouvre mais aussi les arbousiers, les frênes, les alisiers. La faune abonde, jusque dans le ciel. 286 couples de vautour moine y prennent l’aire. Ce rapace de trois mètres d’envergure partage la vedette avec les cigognes noires qui ont trouvé là un nid douillet. Au sol, les rencontres peuvent être tout aussi impressionnantes notamment si l’on croise le chemin d’un lynx pardelle.

On poursuit le chemin dans la nature de l’Estrémadure pour rejoindre la Vallée de l’Ambroz. Située dans le nord de la province, cette vallée est couverte de bois touffus. Les arbres sont partout et, à l’automne, ils changent la couleur des lieux. Les habitants ne manquent pas de célébrer ce spectacle naturel au cours de l’Otoño magico. D’octobre à décembre, l’agenda local se remplit d’activité diverses, de la dégustation de plats typiques à des visites guidées, des concerts ou des promenades en bicyclette. On peut aussi en profiter pour goûter les spécialités locales comme le pata negra d’Estrémadure, sublime jambon ibérique dont le goût vaut de l’or. Autant de prétextes supplémentaires, s’il en était besoin, pour se laisser tenter par la destination.

Antoine Norman

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- Informations générales :

- Tourisme Estramadure

- Y aller :

- Plusieurs compagnies comme Ibéria proposent des vols vers Madrid. Il faut compter ensuite 3 bonnes heures de route pour rejoindre l’Estrémadure.

- Où dormir :

- à Plasencia

- hôtel Palacio Carvajal Giron****

- à Cacéres

- NH Collection Palacio de Oquendo****

- à Mérida

- Atrio Relais & Chateaux

Ilunion Merida Palace*****

- à Alangue

- Grand hôtel Aqualangue****

- Où manger :

- à Hervas

- El Amirez

- à Plasencia

- Succo

- à Trujillo

- Bizcocho Plaza

- à Mérida

- Rex Numitor

- Espace gastronomique Espezia

(Christina & Josefina, vous proposent des cours de cuisine locale dans une ambiance festive)

- à Cacéres

- Atrio** Michelin

- Taperia Yuste

- A faire :

Les Thermes d’Alangue

- Visite et observation dans le Parc de Monfragüe avec Destino Activo avec Raul Virosta

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Guides :

- Castille – Madrid – Estrémadure / guide du Routard – Ed. Hachette

- Madrid et Espagne du Centre – Estrémadure / guide Lonely Planet

- Espagne du Centre – Estrémadure / guide Vert Michelin

- Espagne / Bibliothèque du Voyageur – Ed. Gallimard

- Espagne / guide Petit Futé

- Espagne /  guide Voir – Ed. Hachette

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- Conception reportage – pratique – photos Jean – Paul Calvet

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