Belles histoires en Languedoc

Du crétacé à Cruzy au XXème siècle à Puisserguier en passant par le Moyen – âge à Capestang, l’Hérault déborde d’histoires. Il suffit de se laisser glisser le long du Canal du Midi pour les découvrir.

Cours d’histoire sur cours d’eau ! La leçon se passe en Languedoc et commence sur les rives du Canal du Midi. Fermez les manuels et ouvrez les yeux. Une belle embarcation vous attend. Les “Vénus” d’Hapimag sortent des eaux. Ces vedettes fluviales, pilotables sans permis, peuvent accueillir jusqu’à huit personnes à leur bord. Au port de Capestang, les “Vénus” mouillent à côté de petits bateaux électriques et de belles péniches de croisière. Une fois amarré, il suffit de grimper sur les berges du canal pour découvrir, en contrebas, le village de Capestang.
A regarder ce bourg aux dimensions modestes, on peine à imaginer ce qu’il était au Moyen- ge. Un temps l’égal des plus grandes villes de France, prospère grâce aux salins de son étang alors relié à la mer, Capestang se pare de remparts, accueille l’archevêque de Narbonne en son château et commence même à ériger une collégiale. Mais l’Aude change bientôt le cours de l’histoire en privant l’étang de son accès la mer. Un malheur n’arrivant jamais seul, la Peste noire et la Guerre de Cent ans viennent briser les derniers espoirs de gloire de Capestang. La collégiale Saint-Etienne, inachevée, résume à elle seule les aléas de cette histoire. Aussi impressionnante qu’étonnante, cette église n’est pas le seul trésor du village. Au château, on a redécouvert dans les années 70 un plafond peint d’une qualité extraordinaire. Alors qu’il n’a jamais fait l’objet de restauration, la fraîcheur de ses couleurs, vieilles de près de 600 ans, laisse pantois. Bien que l’on soit dans la maison d’un éclésiastique, toutes les scènes peintes ne sont pas saintes, loin de là. Le maître de maison aimait se faire plaisir… Quelques siècles plus tard, on peut toujours trouver de confortables châteaux où passer la nuit. Celui des Carasses se perd dans la campagne de Quarante. Des deux terrasses ou de la piscine à débordement, la vue panoramique sur les alentours ferait presque oublier le charme discret de la bâtisse et de ses dépendances aménagées pour des vacances familiales.
Mais laissons là la vie de châtelain pour celle des bateliers. De retour sur “Venus”, on remonte le cours du temps à 8 km/h, plein ouest. On glisse au milieu de la campagne à l’horizon attirant. A l’arrière du bateau, les vélos attendent sagement d’être enfourchés. L’occasion se présente vite. Accostez sous le pont de Seriège et mettez le cap sur Le Terminus. Installé dans l’ancienne gare de Quarante-Cruzy, cet établissement propose une cuisine gastronomique composée autour des produits locaux. Une balade, digestive cette fois, sera peut-être nécessaire. Poursuivez donc jusqu’au centre bourg de Cruzy.
Ce charmant petit village fortifié est un livre d’histoire à ciel ouvert. Les maisons d’un autre temps y paressent au soleil. Certaines se laissent aller mais elles n’en valent pas moins le coup d’oeil, tout comme l’église elle aussi fortifiée. Une autre attraction mérite encore le détour. L’Association culturelle archéologique et paléontologique de Cruzy rassemble dans un musée discret les “richesses patrimoniales locales et régionales”. On y trouve de nombreuses céramiques extraites du puits de l’église, des bannières de la révolte des vignerons de 1907, classées Monuments Historiques, mais aussi les résultats impressionnants des fouilles réalisées dans le village et la région. Il y a quelque 70 millions d’années, les dinosaures du Saint-Chinianais s’y promenaient tranquillement. On en a retrouvé plus de 25 espèces et la réserve du musée n’aurait pas encore révélé tous ces secrets…
Fiers de leur passé, les Héraultais ne manquent jamais une occasion de le faire revivre. A Puisserguier, des passionnés ont aménagé l’ancienne école du village pour la transformer en “Centre de ressources des mémoires”. Plus de 2 000 objets mis en scène nous transportent dans le quotidien du siècle dernier. Du coiffeur du village à l’épicerie en passant par l’exploitation viticole, rien ne manque. Pas même les fameux bancs d’école où des bénévoles, passés maîtres en la matière, nous font passer le disparu certificat d’études. A vos plumes !