Gran Canaria, une île qui a du chien

Avant de lui donner un nom d’oiseau, les voyageurs lui trouvaient du chien. Et aujourd’hui encore, Gran Canaria, la plus grande des îles Canaries, ne manque ni de panache ni de charme. Nouvelles Frontières vous y emmène !

Drôle d’oiseau que cette île là qui laisse croire à tous qu’elle tient son nom des célèbres petits piafs jaunes alors qu’elle le doit à un tout autre animal. Dans la langue de Pline l’ancien l’Insula Canaria n’est rien d’autre que “l’île des chiens”. C’est à en perdre son latin ! Las Palmas, la bouillonnante capitale de Gran Canaria, s’allonge sur des kilomètres. La cité est tout en contraste. Au bruit des grandes artères succède le calme des vieux quartiers aux ruelles ombragées. La Casa de Colon, ancienne Résidence du gouverneur de Gran Canaria, fait partie des charmes de la ville. Cette très belle demeure, composée de plusieurs maisons du 15ème et  16ème siècle, reçut en 1492 la visite d’un certain Christophe Colomb en route pour les Indes… Avec ses  balcons à balustrades ajourées et ses frises sculptées, cette résidence reste sans doute le plus beau bâtiment de la ville. Des maisons à balcons, il y en a également le long de la calle de los Reyes Catholicos, de la calle de los Balcones ou à la Vuegueta, le coeur historique de Las Palmas.

Je quitte la vieille ville et vais flâner dans le quartier de Triana, très XIXème siècle. Dans sa longue rue piétonne, son marché couvert regorge de fruits et de légumes : bananes, mangues, ananas, fraises, petites patates noires (une spécialité du pays)  ou grises – les  “Michael Jackson”, comme on les nomme ici… La capitale est bruyante et un peu de calme me fera du bien. Direction le nord de la ville, dans le quartier de Santa Catalina, où la superbe playa de Las Canteras s’étend sur plus de 3 km. Mais la vraie tranquillité, je la trouverai ailleurs, en parcourant cette île  où côtes déchiquetées, paysages volcaniques, montagnes, ravins et canyons dignes des grands westerns, alternent avec  oasis de verdure, plaines fertiles, bananeraies, mers de dunes et petites villes coloniales.

La route serpente. En remontant vers les hauteurs de l’île, je traverse le charmant petit village blanc de Tejeda. On peut y voir de nombreux vestiges archéologiques. Grottes, tombes ou gravures sur pierre font partie du décor. La route se poursuit, remonte. Soudain, j’aperçois le roque de Bentayga. Niché à plus de 1400 mètres, ce rocher était un lieu de culte privilégié des Guanches qui vivaient alors dans les grottes. En témoignent ces maisons du village troglodyte d’Artenara, le plus haut  de l’île, qui culmine à 1219 mètres. Aujourd’hui encore, nombre de paysans gran-canariens continue  d’ailleurs d’habiter sous des abris rocheux aménagés et modernisés.

Des rochers, il n’en manque pas, mais je tente d’apercevoir le Roque Nublo, un pari puisqu’il se camoufle dans le brouillard. Pourtant, dressé à 1810 mètres d’altitude, et pointé dans le ciel comme un doigt justicier de basalte, je finis par apercevoir ce piton rocheux, haut de 80 mètres. Je continue mon chemin et me dirige cette fois vers la côte sud. Ici et là des oasis de douceur émergent, meublées de  tranquilles petits villages, tel celui de Fataga, où la pierre apparente surligne les façades blanches de ses maisons typiques.

Bientôt j’arrive dans le sud pour admirer les dunes de Maspalomas. Mesurant jusqu’à 10 mètres de haut, elles s’étirent sur plusieurs kilomètres de plages comme une tranche de désert posée en marge d’une ville moderne. La chaleur mise à part, on se croirait presqu’au Sahara ! Puis je longe la Costa de Mogan, hélas  submergée de complexes hôteliers construits à la hâte. Bientôt Puerto de Mogan surgit devant moi au débouché d’un profond barranco. Surnommé  “la petite Venise des Canaries” pour ses étroits canaux traversés de ponts, le port de pêche (entièrement reconstitué) a su, lui, résister à la défiguration. Construit au ras de l’eau, ce village aux blanches demeures est quadrillé de ruelles fleuries. Mon voyage tire à sa fin et déjà se profile en moi le souvenir d’une île aux multiples visages où le sourire des habitants est un présent permanent

Marie Lincourt

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Guides :

- Canaries – Guide du Routard / Hachette

- Canaries – Guide Petit Futé

- Canaries – Guide Lonely Planet

- Canaries – Guide Evasion / Hachette

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