Chez les ours du Kamtchatka

Cap à l’est avec Etendues sauvages pour un voyage extrême au Kamtchatka, sur les terres des ours bruns et des volcans grondeurs.

Le nez tendu vers l’Orient, l’avion file au-dessus des terres russes. Huit heures après avoir quitté le tarmac moscovite, l’aéroport de Petropavlovsk-Kamtchatski, la capitale du krai du Kamtchatka, se distingue à l’horizon. Tout à l’est de la grande Russie, cette terre s’épanouit dans l’extrême. Légendaire, la péninsule fut visitée par Vitus Béring, lors de la grande expédition nordique. Accompagné de milliers d’hommes, l’officier de marine danois pose alors les premières pierres de la capitale. Bien plus tard, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le Kamtchatka se ferme au monde. Pendant près de cinquante ans, la péninsule se transforme en zone militaire interdite aux Russes et plus encore aux étrangers. L’armée n’est jamais vraiment partie mais le Kamtchatka se consacre de plus en plus au Pacifique, pour la pêche, et s’ouvre au monde, et au tourisme.

Grand port de pêche et plus ancienne ville de l’Extrême-Orient russe, Petropavlovsk-Kamtchatski fait office de base de départ pour découvrir la péninsule. Le voyage se poursuit, en hélicoptère, plus au nord de la presqu’île en direction du volcan Uzon et de sa caldeira. Perchée à 1 600 mètres d’altitude, la caldeira s’étend sur des kilomètres. En son cœur, préservé de tout, plusieurs lacs s’épanouissent tandis que le Shaman, son grand geyser, vocifère.

D’autres lui répondent depuis Kronotski. Joyau d’une réserve de biosphère nationale, la vallée des geysers explose les records. La deuxième plus importante concentration de geysers au monde aligne près de 90 geysers et de non moins nombreuses sources chaudes tout du long d’un bassin de six kilomètres ! Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, et dans la rétine de tout visiteur, la vallée ne se quitte qu’à regret. Et pourtant l’hélicoptère s’arrache déjà du sol pour rallier le lac Kouril, l’un des plus grands de la péninsule. Au bord de ce lac de cratère, on peut enfin en finir avec cette histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.

Rémy Marion, photographe et guide naturaliste, vous emmène au contact des ours bruns. A l’affût, au bord de la rivière de frai des saumons, on peut sans mal observer jusqu’à vingt ours en même temps. L’animal est rarement seul. Renards roux, geais et pygargues de Steller s’invitent au festin. Réputé pour sa faune, le Kamtchatka ne déçoit jamais.

Un peu plus au sud, le caractère volcanique de la péninsule s’accentue encore pour offrir des paysages extraordinaires. Sur le plateau Mutnovsky, le volcan pulse depuis ses soufrières. Sans cesse changeant, le paysage, rendu vaporeux par les fumerolles, joue sur les contrastes. Des mares de boue sulfureuse apportent de la couleur dans un décor en noir et blanc. Balayant les brumes de ses grandes pales, l’hélicoptère s’élève une dernière fois au-dessus du plateau pour une ultime vision du Kamtchatka.

Antoine Norman