Roumanie : Il y a une vie après les vampires

Les cités médiévales plantées sur les contreforts des Carpates donnent à la Transylvanie, région située au nord de Bucarest, la capitale, des allures de Suisse roumaine où le temps se serait figé. D’autant que l’on cultive à l’intention des touristes le mythe du vampire, inspiré de Dracula. Salaün Holidays nous y emmène.

Porte d’entrée, Bucarest, ville-Janus. Dans le centre-ville, à l’heure de l’apéro, la jeunesse branchée et décontractée investit les innombrables terrasses des cafés. Le dépaysement surgit à la découverte de l’immense Palais du Parlement, à la mesure de la mégalomanie de feu Ceausescu. L’ex-dictateur, qui se faisait surnommer « le génie des Carpates », a fait détruire 40 000 maisons pour édifier ce Palais, deuxième plus grand bâtiment administratif du monde après le Pentagone.

Sibiu, si belle

Autrement plus charmantes sont les villes de Transylvanie. Comme Sibiu, ex-capitale européenne de la culture (en 2007), qui prospère à l’abri de remparts. De fines ouvertures dans les toitures des maisons semblent vous adresser des clins d’œil complices, tandis que des arches et escaliers de pierre relient les parties hautes et basses de la cité. Plus à l’est, Sighisoara, aux jolies maisons multicolores, s’affiche sans complexe comme le berceau de Dracula. On y raconte à l’envi l’histoire de Vlad II dit Dracul (dragon ou diable en roumain) et de Vlad III dit Tepes (L’Empaleur), deux princes locaux tyranniques du XVe siècle qui ont inspiré l’écrivain Bram Stoker, auteur du roman éponyme, Dracula (1897). Un restaurant, qui prétend abriter la pièce de naissance du comte maléfique, le ressuscite au passage des visiteurs moyennant une obole. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, au château de Bran perché sur un piton rocheux, où Dracula aurait passé une ou deux nuits, on entretient la légende et le filon de manière industrielle. Les marchands du temple, gousse d’ail au cou, ont pris possession des lieux et vendent à foison aux 400 000 touristes annuels tee-shirts sanguinolents et portraits de vampires aux canines aiguisées.

Le temps de saluer l’impressionnante ville fortifiée de Rupea, puis d’écouter à Poina, sur les hauteurs de Brasov, un orchestre folklorique traditionnel et nous filons vers Sinaia. Les nuages accrochés aux pics enneigés des Carpates balisent la route. Bientôt, au cœur d’un superbe parc nous découvrons Peles, ancienne et somptueuse résidence d’été de la famille royale. À la fin du XIXe siècle en effet, le roi Carol 1er décida de la construction de ce château censé rivaliser avec ceux des contes de fées. Il deviendra aussi une escale prestigieuse sur le trajet de l’Orient Express. Aujourd’hui, le détour rappelle les fastes de la monarchie d’antan qui durèrent jusqu’au 30 décembre 1947. Ce jour là, sur ordre de Staline, Vychinsky força le roi Michel à l’abdication. C’est ainsi que le pays troqua sans transition sa couronne pour le statut obligé de « démocratie populaire », avant de tomber sous la férule du « Conducator », Nicolae Ceasescu, au pouvoir entre 1965 et 1989.

Reste qu’aux sinistres frasques du « Danube de la pensée », on peut préférer une promenade mémorielle sur les pas du Tintin du « Sceptre d’Ottokar » en musardant dans la bucolique « Syldavie ». Au terme du périple, vous serez sûrement décoré, comme le héros de Hergé, de l’Ordre du Pélican d’Or. À moins qu’il soit devenu celui du Vampire vermeil .

Yves Hardy

 

Y aller :

- Avec la compagnie roumaine Tarom. Vols quotidiens Paris(Orly) – Bucarest. www.tarom.ro

- Salaün Holidays propose des circuits et croisières routières en Roumanie : www.salaun-holidays.com  et Tél : 02 98 73 05 77.

À lire ou relire :

- Les aventures de Tintin, « Le sceptre d’Ottokar » (Ed Casterman, 1947)

- Roumanie – Bibliothèque du Voyageur – éditions Gallimard

- Roumanie – guide Petit Futé

- Roumanie/Bulgarie – guide du Routard

- Roumanie – guide National Geographic

- Roumanie & Bulgarie – guide Lonely Planet