Le Havre : culture maritime !

Pour la troisième année consécutive, la porte océane invite à passer “Un été au Havre”. Des artistes aux horizons divers rendent un hommage collectif à l’architecture si unique de la cité portuaire.

Il y a bientôt soixante-quinze ans, du 5 au 11 septembre 1944, 1 800 tonnes de bombes et 30 000 engins incendiaires s’abattent sur Le Havre. La ville sera détruite à 82% ! Il faut tout rebâtir.  Dans les années qui suivent la fin du conflit, on charge Auguste Perret et son atelier pour la reconstruction du Havre de prendre en main ce vaste chantier de 150 hectares. Le parti pris de l’atelier Perret en étonne certains. L’architecte applique les théories du classicisme structurel et mise sur le béton pour édifier les nouveaux bâtiments. Le résultat, qui ne laisse personne indifférent, est une démonstration architecturale saluée cet été par une nouvelle édition d’Un été au Havre. Du 29 juin au 22 septembre, “de grands artistes internationaux et une série d’événements rendront hommage à l’architecture unique et intemporelle de la cité portuaire”.

La visite commence dos à la mer, face à la Porte Océane. Les plans, signés Auguste Perret, s’inspirent largement du projet monumental de 1931, non réalisé, de la Porte Maillot à Paris. L’ensemble, achevé en 1956, comprend des immeubles de six niveaux ponctués par deux tours de treize étages, symbolisant les portes de la ville, à la croisée de l’univers maritime et du centre-ville moderne. Pour atteindre ce dernier, il suffit d’emprunter les “Champs-Elysées” du Havre, l’avenue Foch. Large de quatre-vingt mètres, la voie s’étend sur sept cent mètres jusqu’à l’Hôtel de Ville. Le tramway se fraie un passage entre parterres et contre-allées.

Tous de même hauteur et de même ordonnance, les immeubles sont signés d’une cinquantaine d’architectes. Tous cachent au-dessus de leurs portes d’entrée des bas-reliefs consacrés aux Gloires du Havre. Les grandes heures de l’aviation, des sciences et de l’industrie cohabitent avec les célébrités locales de Raoul Dufy à Casimir Delavigne. Au bout du chemin, l’Hôtel de Ville trône au cœur de sa place aux généreuses dimensions (453 x 192 mètres). Construit sur son emplacement d’avant-guerre, le bâtiment exprime lui aussi la pensée architecturale de Perret : “une composante classique avec une colonnade au-devant des grands salons s’adjoint à une conception moderne de tour-building de soixante-douze mètres de hauteur pour les bureaux”.

Une autre tour tutoie le ciel un peu plus loin. Il faut revenir vers le front de mer pour découvrir un autre élément phare de la ville, la tour lanterne de l’église Saint-Joseph. Dédié à la mémoire des victimes des bombardements, l’édifice est lui aussi fait de béton. A l’intérieur, 12 768 verres de différentes couleurs éclairent la structure impressionnante. On passe des tonalités froides à l’est et au nord aux couleurs plus éclatantes à l’ouest et au sud. De la même manière, les verres se font de plus en plus clairs à mesure qu’ils prennent de la hauteur jusqu’à devenir translucides au sommet. De ses hauteurs illuminées, on peut apercevoir le Volcan de la ville, signé Oscar Niemeyer, une salle de spectacle où les artistes du monde entier viennent mettre le feu.

En empruntant la rue de Paris en direction du quai de Southampton, on débouche sur l’une des œuvres qui parent la ville durant ce nouvel Eté au Havre. Il s’agit de deux arches monumentales faites de containers multicolores. Vincent Ganivet adresse là un clin d’œil aux activités portuaires de la ville. Il faut s’éloigner et traverser quelques bassins pour atteindre les Bains des Docks. On peut ici plonger dans les eaux d’un complexe aquatique conçu par Jean Nouvel. Epuré, le bâtiment utilise un béton gris anthracite percé de multiples baies. La lumière s’y joue des lignes, les couleurs des volumes, pour laisser les baigneurs sauter de bassins en bassins inspirés des piscines naturelles taillées dans la masse.

De retour en ville pour découvrir d’autres œuvres disséminées un peu partout, on peut s’offrir une pause des plus gourmandes dans le restaurant de Jean-Luc Tartarin. S’il laisse sa femme régner en salle, le chef mène sa brigade à la fourchette. Sa cuisine s’épanouit des produits de la mer si riches ici. Le Guide Michelin, qui lui a attribué deux étoiles, retient un de ses plats en particulier : “la langoustine fumée, cuite à la broche et délicatement fumée minute sur un petit barbecue individuel. Époustouflant”. Voilà une autre très bonne raison de passer un Eté au Havre.

Antoine Norman

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Dufy au MuMa

Le Musée d’art moderne André Malraux consacre une exposition à Raoul Dufy dans le cadre de l’édition 2019 d’Un été au Havre. Natif de la ville, Dufy s’y forme et y fait ses premiers pas d’artiste. Attaché tout au long de sa vie à cette ville, il se servit de son ancrage maritime dans de nombreuses œuvres.

Le MuMa revient sur le rapport qu’entretenait l’artiste avec la ville. “La mise en perspective de peintures et aquarelles réalisées à différentes périodes révèle en effet un passionnant glissement dans le rapport qui lie Dufy au sujet : d’abord fidèlement restitué, le paysage de cette baie du Havre et de Sainte-Adresse se recompose, se synthétise progressivement pour finalement se réinventer. À la fin de sa vie, éloigné du Havre, Dufy n’en finira pas de revenir sur ce motif, pour lui devenu, désormais,  véritable paysage intérieur”. L’exposition rassemble près de quatre-vingt œuvres en provenance du fonds du musée mais aussi de grandes collections publiques françaises et étrangères comme de collections particulières.

Musée d’art moderne André Malraux, jusqu’au 3 novembre

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La Babylone normande Installés sur le site de l’ancien fort de Sainte-Adresse, les jardins suspendus du Havre, son nouveau jardin botanique, dominent la ville basse, l’estuaire et la Manche. Ici, sur près de 17 hectares et dans 3 000m² de serres, poussent des végétaux venus d’ailleurs. La plupart ont été rapporté par des botanistes-explorateurs qui relevaient tous les dangers pour ramener dans leurs valises ces précieux spécimens.

Pour le nouvel Eté au Havre, les jardins suspendus accueille une création de l’artiste brésilien Henrique Oliveira. Ce dernier a “choisi d’installer son œuvre hybride, quasi vivante, dans l’une des alvéoles du fort. Une création organique et aléatoire dialogue avec l’architecture robuste et rigoureuse des lieux, en épouse les formes, les creux et les fissures”.

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- Informations générales :

- Le Havre Tourisme

- Le Havre

- Où dormir :

- Hôtel Vent d’Ouest (sur le côté de l’église St Joseph)

- Hôtel Oscar

- Où manger :

- Le Grignot

- Le Bout du Monde

- Jean – Luc Tartarin **

- A voir :

Pour les amateurs d’Art, après une visite au Muma, allez découvrir cette galerie toute proche de l’hôtel de ville

- Galerie Eric Baudet

- Guides :

- Le Havre / guide du Routard – Ed. Hachette

- Le Havre – Etretat – Honfleur / Cartoville – Ed. Gallimard

- Le Havre – Etretat – Pays de Caux

- Le Havre et ses environs / un Grand week-end – Ed. Hachette

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Conception reportage – paratique – photos Jean -Paul Calvet

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